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les histoires des prophétes
7 décembre 2006

L’histoire de Youssouf : A2

L’histoire de Youssouf : A2

Au nom d’Allah, le Tout Miséricordieux, le Très Miséricordieux, et que les bénédictions et la paix d'Allah soient sur le plus noble des messagers, notre prophète Mohammed. Louange à Allah, nous recourons à Lui et nous Lui demandons de nous guider, nous pardonner, et nous préserver de nos mauvaises actions. Celui à qui Allah montre le bon chemin est guidé et celui qui s'égare n'a ni maître ni conseiller.

Nous nous sommes entendus lors de la dernière conférence pour retenir tous les versets dont nous expliquons les sens, et nous avons expliqué les sens de quatre versets. Croyez-moi, il y a une grande différence lorsqu’on apprend une sourate après en avoir expliqué les sens. Durant cette conférence, nous extrairons plusieurs éléments de chaque verset. Ecoutez ce verset : « Les vrais croyants sont ceux dont les cœurs frémissent quand on mentionne Allah. Et quand Ses versets leur sont récités, cela fait augmenter leur foi. » (TSC[i],‘ Al-'Anfâl’ (Le Butin) : verset 2). Seriez-vous parmi ceux qui sont cités dans le verset, lorsque vous sont récités les versets d’Allah, votre foi s’accroît-t-elle ? Ou est-ce qu’il n’y a aucune différence, ou encore votre foi faiblit-elle ? Je vous rappellerai ce verset à la fin de la conférence pour voir la différence.

Revenons à présent aux versets de la sourate ‘Youssouf’ et à son exégèse. Nous nous sommes arrêtés la dernière fois au niveau du verset où Allah -exalté soit-Il- dit -ce qui peut être traduit par : « Quand Joseph dit à son père: «Ô mon père, j’ai vu [en songe], onze étoiles, et aussi le soleil et la lune ; je les ai vus prosternés devant moi» (TSC, ‘Youssouf’, (Joseph) : 4). Comme nous l’avons mentionné, Joseph était très aimé de son père. Joseph avait onze frères qui étaient tous ses demi-frères. A l’exception de Benyamin (Benjamin), tous avaient une autre mère ; Joseph et son frère Benjamin étaient les deux petits derniers de Ya’coub (le prophète Jacob).

Les dix autres frères étaient un groupe fort, ils s’entendaient bien, ils étaient très attachés les uns aux autres et travaillaient ensemble, tandis que les deux petits derniers étaient encore jeunes et ne pouvaient pas travailler. Comme nous l’avons déjà évoqué, les évènements de cette histoire ont cours dans le sud de la Palestine et l’histoire se terminera en Egypte. A l’époque, l’âge du jeune Joseph ne dépassait pas les douze ans, et la plupart de ce qui a été rapporté à ce sujet montre qu’à cette époque-là et au moment où il fut jeté dans le puits, son âge ne dépassait pas douze ans.

Une relation forte entre Joseph et son père :

«Quand Joseph dit à son père : « Ô mon père… » » (TSC, ‘Youssouf’, (Joseph) : 4), comme nous l’avons déjà dit lors de la conférence précédente, le terme ‘Ô mon père’ (en arabe ‘ya abatah’) avec le phonétique « ah » à la fin (fatha ou madd) aurait signifié qu’il parlait à haute voix, tandis qu’avec le phonétique « i » (kassra), comme dans le verset, il montre qu’il parlait à son père en privé. Remarquez la magnificence du Coran, la différence entre le « i » et le « ah » nous oriente sur la façon avec laquelle Joseph s’adressait à son père.

« Quand Joseph dit à son père: «Ô mon père, j’ai vu [en songe], onze étoiles, et aussi le soleil et la lune; je les ai vus prosternés devant moi », «Ô mon fils, dit-il, ne raconte pas ta vision à tes frères car ils monteraient un complot contre toi; le Diable est certainement pour l’homme un ennemi déclaré».» (TSC, ‘Youssouf’ (Joseph) : 4 et 5).

Cherchons le sens de ces deux versets et tirons-en les bons enseignements. Nous dégageons plusieurs éléments intéressants, le premier étant l’illustration de la forte relation entre le père et le fils.

De nos jours, la relation père enfant n’est pas aussi forte ; si par exemple je demande aux jeunes à qui ils auraient raconté une telle vision, la plupart d’entre eux auraient certainement répondu qu’ils la raconteraient à leurs amis s’ils en perçoivent l’importance ou encore à leurs frères ou sœurs. Joseph, quant à lui, a raconté sa vision à son père en premier et non à sa mère, parce qu’il avait besoin de la sagesse du père. C’est une attitude qui nous fait défaut. Les jeunes souffrent souvent de manque d’intérêt du côté paternel, non pas parce que le père est ignorant, loin de là, mais parce qu’il ne s’intéresserait pas aux affaires de ses enfants. Ou qu’il serait absorbé par le travail quotidien ou serait en voyage et qu’il aurait quitté le pays pour assurer un confort matériel à son fils sans penser à développer l’esprit de ce dernier. Ou encore parce qu’il serait peu attentif à son fils car trop absorbé par les sorties avec ses amis… Le problème pourrait également provenir du fils lui-même quand il ne donne pas à son père l'opportunité de l’écouter. Il s’agit là d’un défaut chez beaucoup de jeunes de nos jours.

Le problème du dialogue entre les jeunes et les parents :

De nos jours, les jeunes sont repliés sur eux-mêmes et ne se préoccupent que d’eux-mêmes et de leurs amis; Ils rejettent leurs parents et ces derniers en éprouvent une grande tristesse.

Sachez que le problème n’est pas anodin, et je voudrais que chacun d’entre nous prenne conscience d’une chose : tout au long des explications que nous donnerons de cette histoire, nous tirerons des milliers de leçons. Il serait judicieux de les exploiter et de ne pas se limiter à la réception passive. Mon vœu est que chacun mette en œuvre les enseignements qu’il tire des conférences et qu’il en prenne note, et vous trouverez dans chaque verset un certain nombre de moralités qui peuvent améliorer notre vie.

Le premier enseignement est donc la relation entre Joseph et son père. Nous trouverons que dans la réalité, le problème vient souvent du fils ; Imaginez que vous alliez voir votre père en lui disant que vous aimeriez lui parler de vos soucis et de vos. Imaginez sa satisfaction à ce moment-là ; Croyez-moi, vous éprouverez la foi emplir votre cœur, et il se peut que vous vous engagiez dans une prière toute la nuit sans pour autant ressentir ce bonheur que vous auriez éprouvé au moment où vous vous seriez adressé à votre père, parce que vous l’auriez fait de bonne foi envers Allah. C’est un sentiment semblable à celui d’une personne ayant passé toute une semaine à faire la prière nocturne, et qu’on peut ressentir en l’espace d’une demi-heure, rien que du fait que vous ayez ôté la tristesse de son cœur et le sentiment que vous lui êtes étranger. Vous pouvez essayer de procéder de la sorte et de goûter à ce bon moment, et voyez alors à quel point vous serez heureux.

Les vertus du dialogue ouvert entre les parents et les enfants :

Revenons à l’histoire de Joseph pour voir l’étendue de l’amour qu’il avait pour son père. Il dit : « Ô mon père » et ce dernier lui répondit : « Ô mon fils »… Nous remarquons que Jacob a dit « ya bounayya » « Ô mon fils » (avec une modification du radical du terme arabe qui est le terme utilisé pour « attasghir » [qui est un procédé lexical pour désigner la petite taille des objets ou encore l’affection que l’on porte à certaines personnes en en modifiant l’appellation] et non « ya ibni » "Ô mon fils"), ce qui suscite la tendresse et la bonne relation entre eux.

Nous constatons que Jacob parle à son fils dont l’âge n’a pas dépassé 12 ans d’un sujet crucial, il lui dit de ne pas raconter sa vision à ses frères pour éviter qu’ils ne montent un complot contre lui car le Diable peut s’infiltrer dans leur cœur et les retourner contre lui. Certes ces paroles peuvent ne pas convenir à l’âge de Joseph, mais le Coran aspire à nous montrer la forte relation qui existait entre eux.

Bien que nous soyons en plein développement et progrès, nous ne pouvons atteindre ce niveau. Je demande aux jeunes de donner à leurs parents une opportunité. Certains diront que leurs pères sont trop sévères… Ils le seraient probablement parce qu’ils ne parviennent pas à s’ouvrir à leurs enfants et que ces derniers sont renfermés sur eux-mêmes et que ce sont eux qui en ont décidé ainsi.

Essayons chacun de son côté d’aller voir nos pères et de leur ouvrir nos cœurs et leur parler de nos problèmes, même les hommes mariés et indépendants parmi nous. La discussion pourrait être ordinaire, mais elle servirait surtout à réduire la distance qui sépare le fils du père. Nul ne connaît le degré de bénédiction qu’Allah mettra dans le cœur d’un père dans cette situation. Que chacun essaye et imite Joseph et écoute son père, [lui obéisse] car s’il ne le fait pas, il se peut qu’il devienne désobéissant.

Par exemple, il est insensé qu’un fils veuille épouser une fille, et que la mère manifeste son refus sans raison valable. La mère n’a pas à s’opposer au mariage de son fils seulement parce que la fille qu’il a choisie ne lui plaît pas à elle, mais elle doit avoir de bonnes raisons et qu’elle en discute avec son fils et qu’elle les lui expose, et à ce moment-là, si le fils n’en tient pas compte il devient un enfant désobéissant. Comment alors ose-t-on s’opposer au mariage de son fils et exiger qu’il se plie à ce refus ?

De là on tire l’importance du dialogue ouvert entre les parents et les enfants. C’est la première moralité tirée de la relation entre Jacob et Joseph bien que ce dernier n’ait pas dépassé la douzième année. C’est un enseignement d’une importance capitale que d’entretenir une bonne relation père–fils, la responsabilité incombant à la fois au père et au fils.

Le musulman vigilant :

A partir du même verset, on peut tirer un autre élément : «Ô mon fils, dit-il, ne raconte pas ta vision à tes frères… ». Il s’agit de vigilance. Elle constitue un aspect marquant de la sourate ‘Youssouf’. La vigilance est une caractéristique qui détermine le comportement du musulman. Ce qui ne veut aucunement dire que le musulman doit être mystérieux et énigmatique à un point qui le rende repoussant. Le musulman est un livre ouvert, il se comporte avec les gens avec simplicité et affabilité, mais il reste vigilant, c’est-à-dire qu’il applique le hadith du Messager (BP sur lui) qui dit : « Aidez-vous pour la réalisation de vos affaires par la discrétion » ou, autrement relaté « Aidez-vous pour la réussite de vos affaires par la discrétion ». Cela signifie que nous ne devons pas tout raconter aux autres. Remarquez que c’est une leçon que Jacob apprend à un enfant de 12 ans, et qu’en plus il lui demande de l’appliquer à l’égard de ses frères. C’est un enseignement qui fait défaut à beaucoup de personnes et on trouve des fois que les femmes racontent tout ce qui se passe dans leur foyer, les problèmes conjugaux...

La vigilance est évoquée dans un autre endroit de la sourate : « Et il dit : «Ô mes fils, n’entrez pas par une seule porte, mais entrez par portes séparées » » (TSC, ‘Youssouf’ (Joseph) : 67).

Il s’agit bien là d’une preuve de vigilance. Joseph a été instruit par son père pour être vigilant et cela depuis son jeune âge, la preuve en est qu’il a dit « Ô mon père » (ya abati) ce qui signifie qu’il a pris l’habitude de ne pas divulguer ses propos publiquement.

C’est une moralité extrêmement importante. L’histoire de Joseph ne nous prescrit pas seulement les pratiques religieuses, mais en plus, elle nous guide vers une certaine méfiance indispensable au musulman pour lui éviter les affronts. Ainsi la vigilance est une autre moralité.

La sagesse de Jacob :

Pourquoi Jacob a-t-il demandé à son fils de ne pas raconter sa vision à ses frères ? Pour deux raisons :

§                     La vigilance par rapport à un complot de la part des frères,

§                     L’envie que les frères de Joseph pourraient ressentir s’ils apprenaient la vision qu’il avait eu. C’est pourquoi Jacob, voulant ménager les sentiments des frères de Joseph, lui demanda de ne pas leur raconter son songe.

C’est ainsi que Jacob pressentit que si les frères de Joseph apprenaient sa vision ils ressentiraient une envie anormale, cela signifie qu’il ne craignait pas uniquement pour son fils Joseph mais aussi pour ses autres enfants.

Et là on voit toute la sagesse du père et son intelligence. Je tiens à ce que chacun apprenne une leçon de vie de cette sourate : si vous ressentez qu’une parole est susceptible de provoquer l’envie des autres, il ne faut absolument pas la dire, il n’y a aucune raison de susciter l’inimitié dans les cœurs.

Les actes du Diable :

On retrouve un nouvel enseignement dans le même verset : « «Ô mon fils, dit-il, ne raconte pas ta vision à tes frères car ils monteraient un complot contre toi; le Diable est certainement pour l’homme un ennemi déclaré».» (TSC, ‘Youssouf’ (Joseph) : 5). Pourquoi Jacob a-t-il établi le lien entre le complot de ses frères et le fait de dire « le Diable est certainement pour l’homme un ennemi déclaré » ? Ou encore, pourquoi le verset retient-il ce classement : le complot puis le Diable ?

La raison en est que nous nous devons de savoir qu’il ne peut exister dans cette vie d’envie, ni de jalousie, ni de ressentiment, ni de rancune, ni de colère sans que le Diable en soit l’initiateur. Ces sentiments précisément ne proviennent pas de l’âme de l’Homme. C’est le Diable qui emplit son cœur de ressentiment, de rancune et de jalousie. Il y a bien des actions qui proviennent de la mauvaise foi de la personne elle-même, notamment l’envie de manger ou l’envie sexuelle ou encore celle d’établir une relation entre l’homme et la femme. Ces envies-là peuvent provenir aussi bien de la personne elle-même que du Diable. Mais si vous ressentez que la colère s’empare de vous et que ceci devient incontrôlable, sachez qu’un diable vous manipule, et si vous éprouvez un ressentiment envers une personne donnée, sachez qu’un diable vous y incite ; Si vous découvrez en vous des sentiments de rancune vous gagner, sachez qu’un diable vous manipule. Ainsi, le Messager (BP sur lui) recommande que celui qui se met en colère fasse ses ablutions.

Quel est donc le lien entre la colère et les ablutions ? Le prophète veut nous démontrer que la solution est pragmatique : le Diable est créé de feu, et l’eau éteint le feu. Il s’agit là encore d’une leçon que tout un chacun doit retenir.

Le choix d’Allah pour Son prophète Joseph :

« Ainsi ton Seigneur te choisira et t’enseignera l’interprétation des rêves, et Il parfera Son bienfait sur toi et sur la famille de Jacob, tout comme Il l’a parfait auparavant sur tes deux ancêtres, Abraham et Isaac, car ton Seigneur est Omniscient et Sage. » (TSC, ‘Yoûsouf’ (Joseph): 6)

Pour commencer, on peut se poser la question sur le lien entre le terme « te choisira » et le verset précédent. Dans ce dernier, Jacob défendait à Joseph de raconter sa vision à ses frères et lui signifiait que le Diable est l’ennemi déclaré de l’Homme, et que ses frères pourraient comploter contre lui. A votre avis, que pourrait ressentir un enfant de son âge à ce moment-là ? Certainement beaucoup d’inquiétude et d’angoisse, voyez maintenant comment le père –le sage éducateur- a trouvé judicieux de commencer par l’avertir comme il l’a fait au début puis de le rassurer en lui faisant la bonne annonce : « Ainsi ton Seigneur te choisira et t’enseignera l’interprétation des rêves » et qu’Allah lui a en effet attribué un bienfait qu’Il parfera. Tout cela pour le rassurer.

Les parents ne doivent donc pas établir avec leurs enfants une relation basée sur la culpabilité, comme par exemple quand le père n’a de cesse de répéter à son fils qu’il n’est pas à la hauteur ou qu’il est dans l’erreur ou encore qu’il est incapable de réussir quoi que ce soit… Le père doit également éviter de faire subir à son enfant des pressions lors de la période d’examens. Il doit au lieu de cela le rassurer et lui dire « Si Allah le veut, tu réussiras et Allah te soutiendra ».

La notion de mise en confiance entre parents et enfant est d’une grande importance dans le domaine de l’éducation, elle permet à l’enfant de se développer en étant fort et résistant.

Parmi les beaux termes du verset « ton Seigneur te choisira », que veut donc dire « te choisira » (‘yajtabika’) ?

Ce terme signifie « il l’a choisi et l’a élu »… pour quelle destinée ? Pour devenir prophète… ainsi Jacob a compris à partir de la vision qu’il s’agissait d’une prophétie.

A ce niveau, une interrogation s’impose : qu’avait Joseph entrepris de si spécial qui lui aurait valu d’être choisi par Allah ? La réponse est négative, et là certains pourraient penser que les frères de Joseph avaient bien raison d’être envieux à son encontre, mais c’est une pensée qui n’est pas fondée parce qu’Allah choisit qui Il veut.

C’est un point déterminant parce que là intervient l’envie, et « l’envie ravage les bons actes comme le feu ravage les bûches (hadith). Autrement dit, à chaque fois qu’on éprouve de l’envie envers une personne, les bonnes actions du jour précédent deviennent vaines, et plus ce sentiment est fort, plus les actions sont détruites. Ce sujet est important et peu de personnes s’en rendent compte. Sa porte d'entrée est le terme « pourquoi cette personne précisément [bénéficie de certains privilèges] ? ». Cette phrase peut ne pas être prononcée mais le sentiment bel et bien exister dans le coeur. La perte des frères de Joseph débuta lorsqu’ils pensèrent « pourquoi lui précisément [bénéficie des privilèges] ? ».

La réponse est « Il n’est pas interrogé sur ce qu’Il fait, mais ce sont eux qui devront rendre compte [de leurs actes]. » (TSC, ‘Al-'Anbiyâ’ (Les Prophètes) : 23). C’est une erreur que de se poser la question sur les raisons de tel ou tel événement qu’Allah a fait, c’est le premier pas vers la désobéissance et le début du chemin vers l’Enfer. Chacun doit se mettre à l’évidence de son statut de sujet d’Allah et qu’il n’a pas le droit de poser des questions pareilles. Allah choisit ce qu’Il veut, on citera parmi Ses choix la pratique du pèlerinage qui se déroule dans un désert. Certains peuvent se demander pourquoi Allah n’a pas choisi un endroit magnifiquement créé par Lui… mais nous n’avons aucun droit de nous poser ces questions-là. Allah a choisi le mois de Ramadan et lui a consacré une place privilégiée parmi les autres mois par les bonnes rétributions aux pratiquants, puis Il a choisi la Nuit du Destin, mais nous n’avons d’autre alternative que de nous soumettre à la volonté divine.

Un enseignement dans la soumission à la décision et au décret d’Allah et Sa sagesse :

Il y a une histoire qui illustre bien le point relatif aux interrogations sur la volonté d’Allah. Un homme appelé Abou Amer vivait à la Mecque avant le Message du Prophète. Cet homme savait à travers les anciennes écritures que l’envoi du dernier prophète de l’humanité était proche. Il s’apprêtait donc à devenir lui-même ce dernier prophète. Il arrêta de boire de l’alcool et se corrigea parce qu’il aspirait à devenir prophète et parce qu’il savait que la prophétie allait être attribuée à un homme correct et pieux. Il faisait tellement de bonnes œuvres qu’on l’appelait Abou Amer Arrahib (le moine). Vint alors la prophétie à Mohammed (BP sur lui) qui n’y a pas pensé auparavant, il était presque le seul à la Mecque qui ne cherchait pas à le devenir. Même que Khadîdja était plus informée que lui sur ce sujet.

Lorsque La Révélation descendit sur notre Prophète (BP sur lui), Abou Amer changea et devint l’un des pires ennemis du Messager, c’est alors que le verset tranchant à ce sujet descendit, Allah dit –ce qui peut être traduit comme : « Allah sait mieux où placer Son message. » (TSC, ‘Al-'An'âm’ (Les Bestiaux) : 124).

Il ne faut donc pas être envieux ou s’interroger sur les choix divins, et à propos, ce même Abou Amer est l’homme qui a creusé le fossé où le Messager (BP sur lui) est tombé lors du combat d’Ohod, son envie était tellement grande qu’il est allé au combat non pas pour se battre- il se souciait peu de qui allait gagner ou qui allait être vaincu- tout ce qui le préoccupait c’était le Prophète. Il se mit alors à creuser des trous autour de lui parce qu’il voulait le faire tomber. Tout ceci provenait de l’envie et de la désobéissance face aux choix d’Allah. Cette cause est à la source de plusieurs inimitiés à travers l’histoire dont on peut citer :

§                     La haine des juifs à l'encontre des musulmans :

Connaissez-vous les raisons de la haine éprouvée par les juifs à l'encontre des musulmans ? C’est parce qu’ils espéraient que le Messager de la fin des temps fusse l’un des leurs, étant donné que tous les prophètes depuis Jacob jusqu’à l’époque de Mohammed (BP sur lui) étaient des descendants de Jacob et de ses fils. Le seul descendant de Ismaël était notre Prophète Mohammed (BP sur lui). Ils sont donc extrêmement mécontents et envieux à notre égard, à tel point que Hoyay Ibn Al-Akhtab, qui était le leader des juifs et qui vivait à Médine et avait une connaissance extraordinaire de la vraie Thorah, pratiquait le culte et apprenait la Thorah à la lettre, illustre bien cette haine. Sachez que la Thorah a cité toutes les caractéristiques du Prophète (BP sur lui) sauf le lieu de sa naissance. Il s’agit là bien entendu d’une décision judicieuse d’Allah de faire savoir aux juifs toutes les caractéristiques du dernier prophète pour qu’ils en fassent l’annonce aux gens, pensant qu’il apparaîtra d’entre eux, mais la Thorah a tu cette indication selon laquelle il émergera parmi les Arabes.

Au moment de l’exode du Prophète de la Mecque à Médine, Hoyay Ibn Al-Akhtab est sorti le voir, il a remarqué sa manière de se comporter avec les gens, il a alors pressenti qu’il était le Prophète. Il s’approcha de lui et lui demanda : « Où est ton père ». Le Prophète lui répondit : « Il est mort ». Hoyay Ibn Al-Akhtab lui dit alors : « Tu dis vrai ». Il lui demanda encore : « Où est ta mère ? » Le Prophète (BP sur lui) lui répondit : « Elle est morte ». Hoyay Ibn Al-Akhtab lui dit : « Tu dis vrai ». Il lui demanda de lui montrer son dos, le Prophète dévoila son dos et Hoyay vit le signe distinctif de la prophétie sur la première vertèbre du prophète, puis Hoyay Ibn Al-Akhtab retourna voir son frère qui lui demanda : « Est-ce lui ? » (Insinuant : est-ce lui le prophète cité dans la Thora ?) Hoyay répondit : « Oui c’est bien lui ». Son frère lui dit : « Qu’est-ce que tu envisages de faire ? » Il répondit : « Etre son ennemi toute ma vie ». L’envie était une maladie dans le cœur de Hoyay Ibn Al-Akhtab qui était la cause de sa mécréance jusqu’à sa mort.

C’est pour cette raison que je voudrais que chacun examine son cœur pour y déceler l’envie car elle détruit les bonnes actions. Il vous est demandé de fournir l’effort pour mériter d’être choisi par Allah puis d’avoir confiance en Lui, mais il ne faut envier personne, et si après, Allah ne vous choisit pas, soyez satisfait de ce qu’Il fait de vous.

Chacun de nous devra adopter une règle : ”attention à l’envie“ et faire tout ce qui est en son possible pour mériter d’être choisi par Allah à travers les bonnes pratiques, la sincérité et le dévouement. Remarquez que Abou Amer n’a pas commis d’erreur au début, son erreur consista en l'inacceptation de ce qu’Allah a décidé. Et soyez sûrs que toutes les personnes qui assistent à une causerie religieuse ou qui l’écoutent entreront au Paradis parce qu’Allah le Transcendant -exalté soit-Il- dit : « C’est Lui qui vous a élus » (TSC, ‘Al-Hajj’ (Le Pèlerinage) : 78). A y réfléchir, vous constaterez qu’Allah vous a élus parmi 6,5 milliards de personnes vivant sur terre. Imaginez qu’au lieu d’être en train d’assister à une conférence vous soyez l’une des personnes les plus riches au monde dans l’un des pays les plus civilisés, mais que vous ne croyiez en rien…

Allah vous a choisi au début pour être l’un des un milliard et demi de musulmans, puis il vous a élu pour être parmi les millions qui font la prière, puis il vous a élu parmi les centaines de milliers ou les peu de millions qui fréquentent les mosquées, puis pour être parmi ceux qui assistent à des conférences de science et de rappel. Cela veut dire que petit à petit Allah vous rapproche de Lui ; mais qu’avez-vous fait pour mériter d’être élus par Allah ? Et si vous vous en rappelez, au début de la conférence, nous avons raconté qu’Allah dit à Ses Anges qu’Il a pardonné à tous ceux qui assistent à des réunions pareilles, n’est-ce pas une autre forme d’élection ?

Nous en sommes encore au sixième verset, il se termine par « car ton Seigneur est Omniscient et Sage. » (TSC, ‘Youssouf’ (Joseph) : 6). Pourquoi Allah a-t-Il choisi ces deux caractéristiques pour terminer le verset ? C’est pour nous démontrer que la distinction est une chose qui Le concerne Lui, et là je tiens à vous dire qu’à la fin de chaque verset qui s’achève par un des Noms d’Allah [l’un des 99 Beaux Noms d’Allah], le nom évoqué a une relation directe avec le contenu du verset. Il se peut qu’on ne s’en rende pas compte la plupart du temps, et la phrase « car ton Seigneur est Omniscient et Sage… » est extrêmement importante dans le mesure où elle montre que le choix d’Allah revient à Lui Seul, de par Sa Connaissance et Sa Sagesse, parce qu’Il sait et que nous ne savons point. C’est ainsi que nous nous devons de méditer sur les fins de versets et si vous décidez d’apprendre le Coran, tâchez d’établir le lien entre le contenu des versets et leurs fins.

La reconnaissance du Bienfait d’Allah :

Terminons le verset : « et Il parfera Son bienfait sur toi et sur la famille de Jacob, tout comme Il l’a parfait auparavant sur tes deux ancêtres, Abraham et Isaac, car ton Seigneur est Omniscient et Sage. »

Nous tirerons un autre concept d’une grande importance. Remarquez que Jacob rappelle à son fils Le Bienfait d’Allah sur son grand-père Ibrahim (Abraham) bien que Abraham soit l’arrière-grand-père de Joseph. Mes frères, il y a des gens pour qui Allah parfait Son Bienfait et il ne se passe pas deux mois qu’ils l’oublient déjà. Les bienfaits sont ce qui accroît le plus notre amour pour Allah. Si vous voulez aimer Allah continuellement rappelez-vous tous Ses bienfaits sur vous. Si vous voulez relativiser une mauvaise situation, souvenez-vous de son insignifiance devant tous les bienfaits d’Allah pour vous. Et si vous voulez aimer Allah d’un grand amour et vous approcher de Lui le plus possible, prenez un papier et inscrivez Ses bienfaits sur vous : Inscrivez le bienfait de la vue dont vous êtes doté alors que d’autres sont des malvoyants ; Inscrivez le bienfait de la mobilité dont vous êtes doté alors que d’autres sont handicapés ou paralysés ; Ecrivez que vous êtes sain d’esprit alors que d’autres sont mentalement malades ; Ecrivez que vous mangez et buvez alors que d’autres cherchent à manger dans les poubelles ; Ecrivez que vous êtes musulmans alors que d’autres sont privés de ce bienfait et que chaque année des dizaines de jeunes se donnent la mort parce qu’ils ne parviennent pas à connaître leur raison d’être. Inscrivez qu’Allah est Miséricordieux et vous aime, et qu’Il vous a donné la beauté dans votre création… aimez Allah. Le Prophète (BP sur lui) dit : « Ô gens aimez Allah de tout votre cœur, aimez-Le pour tous les bienfaits dont Il vous inonde » ce qui signifie qu’il faut aimer Allah pour la multitude de Ses bienfaits sur vous, rappelez-vous le verset : « Et quant au bienfait de ton Seigneur, proclame-le. » (TSC, ‘Ad-Douhâ’ (Le Jour Montant) : 11). Soyez conscients du bienfait et proclamez-le, la meilleure illustration en est Jacob évoquant à son fils les bienfaits d’Allah sur son père et son grand-père.

Qui de nous s’est déjà mis à raconter à ses enfants ses privations au début de sa vie et comment Allah l'a pourvu par la suite de Ses bienfaits ? Vous les jeunes, si vous aimez que vos parents se rappellent des bienfaits d’Allah, allez les voir et demandez-leur de vous raconter comment Allah leur a facilité la vie, et comment Il leur a donné de Ses bienfaits après bien des difficultés. Demandez-leur comment il ont évolué dans les échelons au travail.

Une fois Omar marchait dans la rue, il rencontra un homme à qui il demanda : « Comment vas-tu [ce matin] ? » l’homme répondit : « Je vais bien ». Omar lui demanda à nouveau : « Comment vas-tu [ce matin] ? », l’homme répondit : « Ô Emir des croyants, je vais bien » alors Omar lui demanda encore : « Comment vas-tu [ce matin] ? », l’homme répondit : « Ô Emir des croyants, je vais bien, que la grâce en soit rendue à Allah », Omar dit alors : « Voilà ce que je voulais ».

Le même verset dit : « …et Il parfera Son bienfait sur toi et sur la famille de Jacob » (TSC, ‘Youssouf’ (Joseph) : 6). De quel bienfait s’agit-il ? Le bienfait est la Prophétie. Cela signifie que Jacob a compris la vision dans sa profondeur. Il a compris que Joseph deviendra prophète, ceci parce que Jacob lui-même était prophète. Or dans le songe il se prosterne devant Joseph ; il est illogique qu’un prophète se prosterne devant quelqu’un d’un rang inférieur au sien. C’était l’indice sur la prophétie de Joseph. La prosternation ici exprime le respect et non l’adoration.

Les merveilles de l’interprétation des visions :

Parmi les merveilles de l’interprétation des songes, le hadith du Prophète : « J’ai vu cette nuit une femme noire décoiffée qui courait dans la ville (Médine) jusqu’à ce qu’elle soit sortie hors de la ville et qu’elle parvienne à tel et tel l’endroit »., On lui dit : « quelle en est l’interprétation, Ô Prophète d’Allah ? ». Il répondit : « c’est une fièvre qui s’abat sur la ville » ». Pourquoi le prophète (BP sur lui) a-t-il donné cette interprétation ? Parce que l’apparition de cette femme noire ne signifie pas l’apparition du péché dans la ville de notre bien-aimé Prophète étant donné que la foi fuit vers Médine. Il s’agissait donc d’une maladie qui apparaîtra dans la ville puis en disparaîtra.

Une autre interprétation a été relatée par Abou Horayra : « Le Messager (BP sur lui) était en compagnie d’Abou Bakr. Un homme vint et dit : « Ô Messager d’Allah, j’ai vu cette nuit une étrangeté : j’ai vu une ombrelle qui nous abritait et d'où dégoulinait du beurre fondu et du miel tombant au milieu de leurs mains [des gens]. Certains en demandaient plus et d’autres en voulaient moins, puis je vis une corde qui s’étendait entre le ciel et la terre, et je te vis y grimper jusqu’à ce que tu aies été élevé, Ô Messager d’Allah. Puis je vis des hommes te suivre jusqu’à être élevés comme toi ». Le Prophète sourit et Abou Bakr lui dit : « Ô Messager d’Allah -je te préfère à mon père et à ma mère- laisse-moi en faire l’interprétation ». Il lui dit : « Fais-en l’interprétation, Ô Abou Bakr ». Il dit : « Ô Messager d’Allah, l’ombrelle qui nous abrite est l’Islam. Ce qui coule du ciel et en descend- le beurre fondu et le miel- est le Coran qui a aussi bon goût que le beurre fondu et le miel. Ceux qui tendent la main pour en prendre ou en refuser sont les gens parmi lesquels certains prennent beaucoup du Coran ou n’en prennent que peu. La corde qui s’étend entre le ciel et la terre est ta sunna, Ô Messager d’Allah, et tu as été le premier à l'appliquer et le premier à t’élever en l’appliquant, et quiconque l’applique s’élève après toi, Ô Messager d’Allah ».

Allah n’a donné la science de l’interprétation des rêves qu’à peu de personnes. Jacob en fait partie et après lui Joseph et, bien entendu elle a été donnée à Mohammad (BP sur lui) et à Abou Bakr après lui, et à Ibn Sirine. Ainsi, concernant cette science, rares sont les personnes qui en sont dotées comme nous l’avons dit lors de la conférence précédente.

Passons au verset suivant : « Il y avait certainement, en Joseph et ses frères, des exhortations pour ceux qui interrogent » (TSC, ‘Youssouf’ (Joseph): 7). Dans ce verset, on ressent une transition par rapport au verset précédent. On décèle un nouveau sens dans ce verset parce que la sourate ‘Youssouf’ raconte une histoire tout comme une pièce théâtrale où une scène prend fin et commence une autre.

Dans la première scène, le fils raconte à son père son songe puis dans la deuxième commencent les faits : « Il y avait certainement, en Joseph et ses frères, des exhortations pour ceux qui interrogent »… Quelle est la raison derrière cette phrase : « des exhortations pour ceux qui interrogent » ?

C’est parce qu’à la Mecque certains juifs s’adressèrent au Prophète (BP sur lui) en lui disant : « Ô Mohammed, parle-nous d’un homme qui vivait en Mésopotamie dont on prit le fils qui fut vendu en Egypte, et le père en pleura jusqu’à en devenir aveugle ». Le Prophète (BP sur lui) ne répondit pas. Effectivement, il ne connaissait pas cette histoire et les qoraïchites non plus n’en avaient pas connaissance ; seuls les juifs étaient au courant parce qu’elle est citée dans la Thora. Ainsi Allah fit descendre ce verset : « Il y avait certainement, en Joseph et ses frères, des exhortations pour ceux qui interrogent », « ceux qui interrogent » fait référence aux juifs.

« Quand ceux-ci dirent: «Joseph et son frère sont plus aimés de notre père que nous, alors que nous sommes un groupe bien fort. Notre père est vraiment dans un tort évident » (TSC, ‘Youssouf’ (Joseph): 8). Ce verset contient plusieurs éléments : d’abord, les frères de Joseph avaient-ils raison ? Jacob préférait-il vraiment Joseph et lui destinait-il un traitement de faveur ? Il est évidemment impossible que Jacob puisse agir de la sorte parce qu’il est prophète, et les prophètes sont exempts de péchés. Et nous venons de dire que le prophète Jacob craignait pour les sentiments de ses autres enfants et a demandé à son fils Joseph de ne pas leur raconter sa vision. Mais eux pensaient qu’il leur préférait leurs autres frères du fait qu’il s’y intéressait plus qu’à eux et ce, parce qu’ils étaient plus jeunes. Ce qui chose normale car si vous demandez à n’importe quel père qui de ses enfants il préfère le plus, il vous dira que c’est le plus petit. On demanda autrefois à une femme lequel de ses enfants elle préférait, elle répondit : « le petit jusqu’à ce qu’il grandisse, le malade jusqu’à ce qu’il guérisse et celui qui est en voyage jusqu’à son retour ».

C’est donc un comportement naturel de la part d'un père, et on ne pourra pas accuser Jacob de favoritisme parce que ses autres enfants étaient un groupe bien fort alors que Joseph et son frère étaient petits et ne travaillaient pas. Ils n’étaient donc pas encore autonomes ; c’était naturel qu’il leur porte plus d’attention. A ce moment-là ce n’était pas de la faute de Jacob si leur doute et leur envie les ont amenés à imaginer ce favoritisme de la part de leur père. Il se peut aussi que ce sentiment provienne du fait que Joseph était beau et qu’ils avaient juste besoin d’un prétexte pour justifier leur jalousie à son égard.

Les raisons de l’envie et ses manifestations :

Ce message s’adresse aussi bien aux hommes qu’aux femmes, depuis peu nous avons dit que nous devions éviter l’envie, pourquoi l’envie ? Parce qu’elle ne vient jamais sous une forme directe et franche : on pourrait envier quelqu’un pour une raison donnée mais on refuse d’admettre cette jalousie. On se cherche alors une justification pour légitimer ce sentiment. On serait par exemple amené à attribuer à la personne des erreurs pour la haïr avec une conscience tranquille, ceci parce que personne n’admet qu’il est en situation d’envier les autres. On préfère se convaincre que ce sont les autres qui le méritent, et c’est ce qui arriva dans l’histoire de Joseph.

Nous en tirons un enseignement : aucun père ne doit favoriser un de ses enfants au détriment des autres, même pas par un sourire, et le meilleur exemple en est l’histoire de l’homme qui vint voir le Prophète (BP sur lui) et lui dit : « Ô Messager d’Allah, je te prends témoin que j’ai donné à mon fils untel tant et tant de ce que je possède ». Le Prophète (BP sur lui) dit : « En as-tu donné autant à tes autres enfants ? ». Quand l’homme répondit que non, le Prophète (BP sur lui) dit : « Prends pour témoin quelqu’un d’autre, je ne fais pas de faux témoignage ».

Néanmoins, les oulémas (érudits musulmans) ont établi une exception à ce sujet en soulignant le cas où l’un des enfants soit véritablement nécessiteux, mais aucune distinction ne doit être faite lorsque tous les enfants sont en situation identique, ainsi la différenciation ne peut être faite que pour la raison précitée.

Ecoutez ce verset : « quand ceux-ci dirent: «Joseph et son frère sont plus aimés de notre père que nous, alors que nous sommes un groupe bien fort. Notre père est vraiment dans un tort évident, Tuez Joseph ou bien éloignez-le dans n’importe quel pays, afin que le visage de votre père se tourne exclusivement vers vous, et que vous soyez après cela des gens de bien» » (TSC, ‘Youssouf’ (Joseph) : 8 & 9). Quelle méchanceté et quelle cruauté, savez-vous pourquoi est-ce qu’ils étaient aussi cruels bien qu’ils soient les frères de Joseph ? Parce que c’est de ces onze frères que sortira la descendance des juifs, nous allons extraire de ces deux versets les spécificités des onze et qui seront à l’origine des caractéristiques des juifs.

Les caractéristiques des juifs :

« Quand ceux-ci dirent: «Joseph et son frère sont plus aimés de notre père que nous » ce qui montre qu’ils se sentent des victimes. Ils ont toujours proclamé qu’ils étaient persécutés, martyrisés et expulsés, qu’ils méritaient l’affection et qu’en conséquence ils avaient pleinement le droit d’agir à leur guise pour se défendre.

La deuxième caractéristique est l’envie et la forte jalousie qui va jusqu’à vouloir tuer.

La troisième est la facilité qu’ils ont de tuer, le fait de tuer est pour eux chose aisée.

Parmi leurs caractéristiques également il y a l'arrogance dans leur comportement, essentiellement vis-à-vis des prophètes, et l’aptitude à mentir et à dissimuler la vérité (parce qu’ils ont caché la vérité à leur père durant quarante ans), contrairement à la nature humaine qui pousse une femme ayant commis une erreur que le mari ignore au bout de deux ou trois années, à ressentir l’obligation de la lui avouer. Mais là, on voit qu’ils ont caché la vérité à leur père quarante années durant, alors qu’ils le voyaient souffrir de la disparition de Joseph et ils n’ont ni compati à sa douleur ni cherché à lui avouer la vérité.

Et comme Jacob connaissait la nature de ses enfants, il dit dès le début à Joseph: «Ô mon fils, dit-il, ne raconte pas ta vision à tes frères car ils monteraient un complot contre toi» (TSC, ‘Youssouf’ (Joseph): 5). Après quoi, ils commencèrent à réfléchir et ils dirent : « quand ceux-ci dirent: «Joseph et son frère sont plus aimés de notre père que nous, alors que nous sommes un groupe bien fort. Notre père est vraiment dans un tort évident » (TSC, ‘Youssouf’ (Joseph) : 8). Le terme « un tort » ici ne désigne pas l’égarement dans la foi mais dans la manière de réfléchir, cela ne veut pas dire qu’il n’a pas l’esprit sain mais qu’il n’a pas de sagesse, sachant qu’ils attribuent ces attributs injurieux à un prophète.

Nous devons faire très attention à ne pas désobéir à nos parents, même pas une seule fois, à ne pas les ridiculiser ou leur tendre des pièges, à ne pas juger qu’ils redisent toujours la même chose et trouver que c’est « toujours la même chanson ». On peut proférer des paroles qui risquent de déprécier toute une vie. Notre Prophète (BP sur lui) a dit : « l’homme peut prononcer un mot déplaisant à Allah et qui risque de le faire échouer dans l’enfer soixante-dix automnes [ans] »

Les pas du diable :

Revenons à ce verset : « quand ceux-ci dirent: «Joseph et son frère sont plus aimés de notre père que nous, alors que nous sommes un groupe bien fort. Notre père est vraiment dans un tort évident, Tuez Joseph ou bien éloignez-le dans n’importe quel pays, afin que le visage de votre père se tourne exclusivement vers vous, et que vous soyez après cela des gens de bien».

On peut se demander s’ils ont aussitôt pensé à tuer Joseph : Ils venaient tout juste de trouver le justificatif pour l’éloigner qu’ils dirent qu’il devait être tué mais le Coran nous laisse le champ libre pour voir que l’envie et la rancune envers le père a duré. Il nous laisse ce champ libre pour nous permettre de mieux vivre dans l’histoire. Il se peut qu’entre ce qu’ils dirent au verset 8 et ce qu’ils dirent au verset 9, il se soit écoulé deux ou trois ans, et que tout au long de cette période ils éprouvèrent de la rancune, de l’envie et de la jalousie. Je voudrais vous dire qu’il n’y a pas de péché qui ait lieu subitement. Il y a des préliminaires au péché comme par exemple une médisance, un commérage, une envie ou une désobéissance aux parents, qui peuvent se développer jusqu’à arriver à l’envie de commettre un meurtre.

Je vous donne un exemple là-dessus. Un verset dit –ce qui peut être traduit comme : « et ne suivez point les pas du diable » (TSC, ‘Al-Baqara’ (La Vache) : 208). On pourrait être amené à penser qu’il est inconcevable que les frères de Joseph pensent à le tuer et qu’ils tentent de mettre à exécution leur plan sachant qu’au début ils n’ont commencé que par une médisance ?! Oui mais les évènements se développent de manière considérable.

Certains jeunes me disent qu’ils ne pouvaient pas imaginer, il y a dix ans, qu’ils pourraient consommer des stupéfiants, et des jeunes filles qui ne pensaient jamais que leurs relations avec des garçons allaient évoluer vers le sens qu’elles prirent plus tard. Ce qui arrive c’est qu’en faisant le premier pas on pense que les choses n’évolueront pas plus, mais le Diable est extrêmement malin. Il se contente d’un petit peu et il peut se satisfaire d’un petit péché qu’on commet durant une année entière avec la volonté de nous le faire prendre pour habitude. Ainsi, si le Diable commence dès le début par vous insuffler par exemple de vous faire accorder une corruption, votre refus sera catégorique, mais il peut vous inspirer de prendre seulement une livre, qui est somme toute insignifiante, pour rendre un service à quelqu’un, et ceci évoluera par la suite et peut durer toute une année par exemple.

« Tuez Joseph ou bien éloignez-le dans n’importe quel pays, afin que le visage de votre père se tourne exclusivement vers vous, et que vous soyez après cela des gens de bien» ». Qui est le plus dur ? Le fait de le tuer ou de l’éloigner ? Le fait de le tuer bien entendu, mais les onze cherchaient à lui nuire par n’importe quel moyen. Mais pourquoi précisément l’éloignement ? Parce qu’ils avaient une appréhension et ils ne se sentaient pas capables de le tuer.

A la fin du verset, il est dit : « « et que vous soyez après cela des gens de bien» », ce qui signifie qu’ils avaient l’intention de se repentir, mais après avoir commis le péché, pensez-vous que ce repentir puisse être accepté ? Et après avoir dit cela, voyez-vous après combien d’années ils se sont repentis ? Si on commet un péché pareil, ou un autre à l’encontre de son père par exemple, qu’est-ce qui garantit qu’on aura assez de temps pour s’en faire pardonner, il ne faut absolument pas se promettre de se repentir avant de commettre un péché, pour se justifier, c’est une célèbre tromperie du Diable qui conduit les gens à commettre les péchés la conscience tranquille parce qu’ils se promettent de s’en repentir ultérieurement après les avoir commis.

Le verset suivant dit : « L’un d’eux dit: «Ne tuez pas Joseph, mais jetez-le si vous êtes disposés à agir, au fond du puits afin que quelque caravane le recueille» (TSC, ‘Yoûsouf’ (Joseph): 10).

Ici, la sourate décrit la nature humaine dans tous ses rouages. Ce frère-là a demandé aux autres de ne pas tuer leur frère Joseph mais de le jeter au fond du puits parce qu’il est incapable de s’imaginer en train de tuer son frère, mais il a encore la volonté de se débarrasser de lui indirectement, et ainsi il lui fit bien plus de mal qu’en le tuant. Il dit : « mais jetez-le […] au fond du puits » (TSC, ‘Youssouf’ (Joseph) : 10) comme s’il se mentait à lui-même en disant juste après « afin que quelque caravane le recueille » malgré qu’il ait dit juste avant « au fond du puits », car c’est un endroit où personne ne peut parvenir, comme si ce frère voulait désengager sa responsabilité du crime et ne pas se culpabiliser. Ceci ne signifie aucunement qu’Allah lui réservera la miséricorde contrairement aux autres, parce qu’il voulait à Joseph la même fin mais avec des moyens différents de ceux proposés par ses frères.

J’aimerais que cela soit le devoir que chacun aura à faire après la fin de cette conférence : que chacun prenne un papier et qu’il écrive ses défauts. Nous nous devons de nous confronter, nous n’avons pas le temps de fuir et de nous leurrer…, nous comparaîtrons devant Notre Seigneur en fin de compte. Ecrivez alors tous les défauts : si un jeune homme regarde les chaînes satellites licencieuses, il doit l’écrire et chercher à résoudre ce problème, par exemple il devra penser à trouver un technicien pour crypter ces chaînes. Si une jeune fille a fait la connaissance d’un garçon, elle doit en parler à ses parents même s’ils lui imposent d’arrêter cette relation, elle doit savoir qu’il est inutile de tromper ses parents, et le garçon qui a fait sa connaissance doit être conscient que : « …ce n’est pas un acte de bienfaisance que de rentrer chez vous par l’arrière des maisons » (TSC, ‘Al-Baqara’ (La Vache) :189) : aimerait-il qu’une chose pareille arrive à sa propre sœur ? Certainement pas ! Le plus dangereux encore est l’ouverture qui arrive durant la période des fiançailles entre les deux parties, parce qu’alors le Diable fait tout pour ouvrir les voies du péché.

Ecrivez alors tous les défauts, les solutions envisageables et comment rompre avec la mauvaise compagnie. Les frères de Joseph se sont perdus de la même manière. Leur envie, leur désobéissance et leur complot contre leur père, et également leur manque de reconnaissance de leurs défauts. La preuve en est qu’ils disent : « et que vous soyez après cela des gens de bien », à ce stade-là, ils ne faisaient que se rassurer et s’apaiser, il faut faire très attention aux chaînes de défauts, car chaque défaut en entraîne un autre, et si on commet un péché, il est certain qu’on continuera, c’est ainsi que Hassan Al Basri dit : « si tu vois un homme commettre un péché, sache qu’il en commet d’autres ». Si nous suivons la chaîne de péchés des frères de Joseph, on trouvera que l’envie a entraîné la rancune, celle-ci a incité au mensonge qui a conduit à l’intention de tuer. En observant ce qui se passe de nos jours, on trouvera parmi les chaînes de péché, une chaîne commençant par une mauvaise compagnie puis aboutissant à l’acte de fumer des cigarettes, puis le narguilé, aboutissant à la consommations de stupéfiants, et si on a l’intention de briser cette chaîne, il faudra se repentir et chercher la bonne compagnie.

Les étapes d’élimination de Joseph :

Revenons à la sourate : « mais jetez-le […] au fond du puits », le terme arabe utilisé pour désigner le fond dans ce verset est « ghayabat » qui est semblable au terme « ghayb » (l’Inconnaissable) et ghaybah (médisance). Tous ces termes ont le même radical, le terme « ghayba » (médisance) désigne l’acte de parler de quelqu’un en son absence, et le terme « ghayb » (l’Inconnaissable) fait référence à tout ce qui ne peut pas être perçu comme les Anges. Quant au terme « ghayabat » il signifie qu’ils l’ont déposé dans un endroit loin des regards, et là on voit le miracle du Coran qui a décrit en un seul terme la situation délicate où se trouvait Joseph. L’une des appellations de la tombe est « ghayab » car les hommes y sont absents (moughayyab), vous arrivez à imaginer à présent ce qui est arrivé à Joseph alors qu’il était âgé de douze ans et qu’il a été jeté dans un endroit pareil ?

Maintenant, je m’adresse aux personnes qui vivent des problèmes, et aux femmes qui ont perdu un enfant ou dont un enfant est malade, pouvez-vous imaginer la teneur du malheur qu’ont vécu Joseph et son père Jacob ?

Nous nous interrogeons : quelle est la raison de l’utilisation du terme « joub » au lieu de « bi’r » ? [les deux désignant le terme puits] ? Parce que « joub » est différent de « bi’r », le premier désigne un puits profond où il y a des serpents et des scorpions, le « joub » est plus grand et plus profond ; et ils ne se sont pas contentés de le mettre sur un rocher au début du puits, mais ils l’ont jeté au fond, et tout ceci lui arrivait alors qu’il n’était âgé que de douze ans ! Ce fut l’idée d’un de ses frères pour éviter de le tuer. Les choses ne s’arrêtèrent pas là mais davantage. Ils le dévêtirent, en témoigne ce verset : « Ils apportèrent sa tunique tachée d’un faux sang » (TSC, ‘Youssouf’ (Joseph) : 18.). Et ce qui est le plus dangereux, c’est que l’endroit en question regorgeait d’animaux sauvages, et Jacob le savait bien lorsqu’il dit : « je crains que le loup ne le dévore » (TSC, ‘Youssouf’ (Joseph) : 13).

A l’issue de leur plan et de leur décision, ils allèrent voir leur père : « Ils dirent: « Ô notre père, qu’as-tu à ne pas te fier à nous au sujet de Joseph? » (TSC, ‘Youssouf’ (Joseph) : 11). On remarque que le premier terme utilisé est : « qu’as-tu à ne pas te fier à nous », il y a un proverbe qui dit : « celui qui commet le mal est sur le point de se dévoiler », car quiconque ment ou projette de commettre un fait répréhensible peut facilement se dévoiler lui-même, et on voit là toute la beauté du Coran qui fait découvrir l’âme humaine. « Ils dirent: «Ô notre père, qu’as-tu à ne pas te fier à nous au sujet de Joseph? Nous sommes cependant bien intentionnés à son égard, Envoie-le demain avec nous faire une promenade et jouer. Et nous veillerons sur lui » (TSC, ‘Youssouf’ (Joseph) : 11-12). Ce verset montre qu’il n’y a aucune opposition au fait de jouer, que ce soit pour les jeunes ou les moins jeunes.



[i] TSC : Traduction des Sens du Coran. Cette traduction est celle du sens courant le plus connu jusqu'à présent de la sourate sus mentionnée. Lire la TSC ne remplace nullement sa lecture en arabe, la langue de révélation du noble Coran.

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